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Vivre, partir, découvrir...
7 mai 2013

Les gens sont tout cassés

Hier, j'étais au chu. J'y suis allée seule, et pendant la longue attente, j'ai pu observer à loisir les gens, qui tels que moi, venaient dans l'espoir qu'un hémato, qu'un kiné, qu'un algo les aide au mieux.

 

Aucun ne venait avec l'idée de ressortir totalement guéri un jour, car quand on fréquente cet endroit depuis longtemps, on sait qu'on n'en sort jamais vraiment.

 

C'est dans la salle d'attente du centre de la douleur que j'ai pu observer les Autres autour de moi.

 

Là, à ma gauche, il y avait une dame, la cinquantaine qui parlait fort à Titi son mari. Ben oui à force de hurler, on a tous su qu'il s'appelait Titi, son mari; on a appris aussi qu'il n'avait pas soif lui, mais elle, aurait bien bu un coca bien frais; qu'ils habitent en Ardèche, et que du coup, elle doit rester hospitalisée trois semaines pour faire sa réeducation; que ses filles s'appellent Sophie, et Audrey; et qu'ils vont rentrer tard et que du coup "mon dieu, mais qu'est ce qu'on va manger alors"?

 

Cette dame débordante d'énergie à meublé mon attente. Je me suis demandé où elle avait mal. Parce qu'on n'aurait pas dit qu'elle avait mal, en fait.

 

Et j'ai repensé à moi. Qui peut dire, en fait quand il me voit , que je vis avec une douleur chronique?  Qui dirait que j'en suis à 440 grammes de tramadol par jour, alors que la limite est de 400 ?

 

J'ai mal tout le temps. Assise sur mon canapé, en courant avec le pirate sur la plage, faisant du shopping avec ma gazelle, buvant des Despérados avec mes copines, échangeant des centaines de sms avec celles qui sont si loin géographiquement, mais si près de mon coeur.

 

J'ai mal. Quand j'ai rencontré mon Croque j'avais mal. Quand je me love dans ses bras musclés, je doit changer sans arrêt de position parce que j'ai mal. Et quand je galipette, evidemment que j'ai mal. J'ai mal aussi quand on se gave de tortilla sauce fromage. Et aussi quand je ne fais rien d'autre que dévorer un bon bouquin.

 

Hier, une autre jeune femme semblait enfermée dans sa douleur. Elle avait une perfusion d'un dérivé de morphine au bras.

A un moment, elle a levé les yeux, et a vu que je la fixais. je lui ai souri, et elle m'a rendu mon sourire. Un maigre sourire desespéré; celui qu'on a quand on n'en peut plus. Quand elle s'est levée pour aller voir son médecin, elle m'a a nouveau regardé, et je lui ai dit, silencieusement rien qu'avec les lèvres, de garder courage.

 

Un couple est arrivé, bras dessus-bras dessous. C'est elle qui souffre, ça se voit. Il est parti demander s'il y en avait pour longtemps à attendre; il lui a demandé si elle voulait un café. Si elle voulait son coussin, et si elle voulait ce vieux Femme Actuelle, délabré d'avoir été trop feuilleté.

 

Elle ne voulait rien; elle voulait juste arrêter d'avoir mal.

 

Ce n'est pas possible ça, en fait.

 

Je suis suivie depuis cet été au centre de la douleur, mais je souffre depuis plus d'un an. Après mon opération de hernier en 2008, c'était un peu passé; de 8 xprims, j'étais passée à 3.

 

Et puis c'est revenu; je n'ai pas été sage avec mon dos, et je le paye très cher. C'est l'année, où je suis partie seule avec mes Monstros, en voiture, d'Auvergne à Bilbao, puis Porto, puis Madrid et enfin Barcelone avant le chemin du retour.

 

Ses vacances sont un merveilleux souvenir. Mais aujourd'hui encore, j'ai une dette auprès du Dieu de la douleur.

 

Le docteur Bredeau, qui me suit, est très gentil. Il a essayé de m'aider. Des injections de Botox (ouais il parait que ça peut calmer les nerfs), très douloureuses d'ailleurs, à une double infiltration foraminale, rien n'y a fait.

 

Alors là, je m'apprête à prendre mon téléphone. Je ne peux plus reculer et je ne veux pas le faire.

 

L'heure est venue de m'ôter ce disque qui me fait si mal, et de bloquer le bas de mon dos. Je vais perdre en souplesse; mais bon je ne suis pas gymnaste de haut niveau hein.

 

Et puis, peut-être, je dis bien peut-être qu'enfin, je n'aurais plus mal.

 

J'ai supporté et supporte encore de tels pics de douleurs que je me dis que même avoir un peu moins mal me suffirait.

 

Non, je ne veux pas; je ne veux plus avoir mal du tout, et prendre des analgésiques comme des Mentos goût tutti-frutti, je veux pouvoir me lever le matin sans sauter sur ma jolie petite pochette pleine de gelules, je veux pouvoir partir avec que des conneries dans mon sac, et non toute mon armoire à pharmacie, et je veux pouvoir porter un autre petit si la vie me le permet.  

 

Je fais partie des gens tout cassés; je vis comme ça depuis longtemps, je sors, je voyage, je shoppe, je ris.

 

Et heureusement que je l'ai ce smile.

 

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Commentaires
M
Oh ben c'est très gentil ça Tubiz; mille mercis:
T
Je pense que tu as assez souffert et qu'effectivement il est temps que tu t'accordes un peu de répit.<br /> <br /> Je croise les doigts pour que tout ce passe bien et que ce soit la clef pour retrouver une vie sans douleurs :)<br /> <br /> Bon courage, bisou
M
Coucou Doro! Je sais, oui, que c'est dur pour tout le monde.. On vit avec. Bon courage à vous deux.<br /> <br /> Gros bisous
D
On en a déjà parlé un peu, tu as un peu le même parcours que mon homme, disque et canal qui se rétrécit de + en +, tramadol et ixprim...il a refait 3 infiltrations sous scann récemment, il y a certes un mieux mais on sait très bien que cela ne durera pas, on doit revoir le neurochir...et moi Ixprim est mon ami mais je sais que je devrais y passer aussi ! Alors comme tu dis heureusement que l'on a le smile (mais l'avoir pour 2 des fois c'est dur !), ,nous aussi on voyage, on rit, et on vit certes avec d'atroces douleurs mais ON VIT !!! Je souhaite de tout cœur qu'un jour tu n'aies plus mal !!! Gros bisous ma Flo
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